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7 décembre 2016 3 07 /12 /décembre /2016 17:16

                                            Ces rencontres avec les parents d'élèves ont été donc toujours fructueuses ; et, malgré leur lourdeur, l'extrême attention qu'elles exigeaient, et, conséquem-ment, la fatigue qu'elles entraînaient, je les atten-dais chaque fois impatiem-ment. C'était aussi, en

Ci-contre un exemple anonyme de rencontre d'un professeur  avec élève et mère.

quelque sorte, une occasion agréable de sortir du monde un peu clos d'un établissement scolaire, du moins trop centré sur les actes d'enseigner. Une occasion de prendre contact avec le monde qui entoure un collège, la réalité tout simplement. Contact oh combien ! bénéfique donc, et qui, il y a maintenant huit ans, restait courtois. Les parents que j'ai connus durant près de quarante ans respectaient les professeurs, leur faisaient confiance ; et ce respect était bien sûr, naturelle-ment, réciproque. Certes on me racontait des rencontres parfois orageuses ; personnellement je n'en ai jamais vécu.

                               Pourtant, une fois, j'attendais avec impa-tience, un peu d'inquiétude même, les parents d'un élève de 3e qui s'était affreusement comporté avec moi. Voici.                                Il était en général peu intéressé par les cours de français, riait ostensiblement  hors de propos ou interve-nait, main levée toutefois, pour ne rien dire, juste pour amuser, pour passer le temps. Je le remettais facilement à sa place, avec le consentement manifesté de ceux qui vou-laient travailler sérieuse-ment . D'autres professeurs se plaignaient de ses perturbations en cours ; je le lui rappelai à l'occasion, d'autant plus que j'étais son "professeur prin-cipal ", chargé de coordonner les informations sur lui. Il parvenait finalement à se tenir à sa place ... Mais un jour, alors que je passais, en dictant une note, dans l'allée où il était assis, j'entendis des élèves pousser des oh ! ; un autre, plus clair, me dit : " Monsieur, regardez votre panta-lon, voyez ce que Régis a fait ". Je vis plusieurs traînées d'encre sur le tissus. Régis, avec aplomb, avoua, la main sur son stylo. Je n'avais jamais subi pareille atteinte, j'étais en colère. Mais je gardai mon calme indispensable, fit re-marquer à Régis la gravité de son geste (il semblait, hélas ! ne pas comprendre vraiment), et fis appeler, par un des deux chefs de classe élus, un surveillant, qui le sortit de la classe. Avec l'accord du Principal, il fut exclu une semaine, avec nécessité de se mettre à jour des travaux qu'on lui communiquerait.

                     Les parents, informés, se dirent consternés, mais peu surpris, connaissant leur fils. Les rencontrant, en présence de Régis, peu de jours après, je compris mieux. Ils avaient eux aussi beaucoup de mal avec lui, se confon-daient en excuses, me priant de lui pardonner, qu'il ne re-commencerait plus ... Régis de tenait coi. Je les rassurai, ému par leur désarroi et leur gentillesse. Encore une fois, cette entrevue m'apprit mieux combien certains parents pouvaient avoir des difficultés avec leurs enfants - parfois bien instables pour le moins, parfois même médicalement suivis - , combien aussi ils comptaient sur nous. "N'hésitez pas à nous contacter pour tout autre manquement, il aura, comme cette fois, affaire à nous". Régis s'engagea devant nous à ne pas récidiver d'abord, à se mieux comporter aussi, dans toutes les matières. Et il tint parole, même s'il ne fallait pas le lâcher des yeux trop longtemps.  

                                 Je souhaite qu'en 2016, au moins à Us-sel, les problèmes de discipline continuent à être réglés ainsi. J'en doute, hélas ! plusieurs collègues, qui exercent encore, m'assurant que les choses ont déjà beaucoup changé :  incivilités croissantes, parents de moins en moins coopérateurs, de plus en plus accusateurs du pro-fesseur avant tout et avant même de savoir. J'écoute mes amis presque incrédule, leur disant qu'enfin ces dégra-dations, ces violences, parfois terribles, ne sévissent que dans les grandes villes, région parisienne en tête ... " Mais non ! c'est fini, Ussel et la province ne sont plus à l'abri ! C'est terrible, c'est épuisant, c'est décourageant ! " J'essaie de les rassurer de mon mieux, quoique fort inquiet moi -même de pareille évolution.            Ci-dessous : photo 2001 avec la classe de 4e D.

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  • : Décrire et partager mon expérience, mes réflexions sur les joies et les souffrances de l'enseignement. Dire et rechercher toujours ce qu'est le rapport élève-professeur, ce que sont la soif de connaissance et l'acte de transmettre cette connaissance, tels que je les ai connus et souhaite les connaître encore.
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